[Premier Post]
Une silhouette apparut entre les colonnes du péristyle. Petite, sombre, visiblement mal réveillée, elle portait son vêtement, parfaitement blanc, avec maladresse. Il traînait par terre d'un côté, était trop lâche de l'autre, dévoilant un torse cuivré, loin de ressembler à celui d'un athlète, mais pas rachitique non plus. L'homme semblait irrité, mais également à peine conscient de ce qu'il faisait.
Il fit un pas d'un côté, de l'autre, regardant partout autour de lui. Ses yeux n'étaient que des fentes et il s'appuyait sur une colonne. Finalement, comme s'il n'y tenait plus, il avança jusqu'au milieu de la cour pour regarder de nouveau avant de se mettre à crier.
"Esclaves ! Esclaves !"
Un silence suivit, interrompu uniquement par le bruit des cigales et quelques chants d'oiseaux. Lysias, qui avait d'abord froncer les sourcils au son de sa propre voix (elle était forte et semblait lui faire mal à la tête) attendait une réponse, le visage tourné vers le soleil.
"Esclaves ! Femme ! Esclaves !"
Toujours rien. Lysias allait hurler une nouvelle fois, en dépit de la douleur qu'il ressentait à chaque fois que son cri résonnait dans la cour, quand soudain tout lui revint en mémoire.
Il s'arrêta brusquement et secoua la tête en murmurant des injures. Il n'était pas encore réveillé... Il se pencha sur la fontaine et s'aspergea d'eau. Lorsqu'il lui sembla avoir de nouveau les idées en place, il resta là, debout, le visage levé, laissant le soleil le sécher doucement.
Comment avait-il pu oublié que des deux derniers esclaves qu'il avait eu, l'un s'était échappé dans la montagne, et les chiens n'en avaient rapporter qu'un bras, l'autre avait été retrouvé pendu dans la grange... Encore heureux que lui, Lysias, avait passé toute la journée précédente en compagnie de différentes personnes, parce qu'on l'aurait accusé sinon de l'avoir tuer. Il était peut-être exigeant, mais il respectait la loi (quand elle ne le gênait pas trop)
Par Zeus et tous les autres, ce n'était pas de sa faute si les esclaves étaient faibles et incapables de supporter les quelques tâches qu'il leur demandait de faire... ou simplement de supporter les quelques réprimandes (justifiées) qu'il leur faisait...
Et sa femme qui était toujours... bah, elle n'avait jamais servit à grand chose de toutes les façons.
Mais c'était incroyable, il était obligé de tout faire tout seul maintenant. Aller au marché même...
Il redressa la tête, soudain paniqué. Faire la cuisine aussi ? Non, heureusement, il y avait quelqu'un qui vendait sa cuisine sur le marché. Il faudrait qu'il se fasse inviter quelque part pour le soir...
Et puis il fallait absolument qu'il achète un ou deux esclaves... Et le marchand allait l'entendre. Il en avait assez de n'avoir que de la camelote...
D'un geste décidé, il se débarrassa de son vêtement et le remit en place, correctement cette fois. Il vérifia qu'il avait l'air correct et se dirigea ensuite vers la porte.
Juste avant de quitter sa maison, il hésita : prendre un panier ou non ? La réflexion ne dura pas très longtemp. Non, c'était trop impossible pour lui, une honte. Il ne pouvait pas s'abaisser jusque là. Il trouverait toujours un gamin à soudoyer sur place…
[Le Marché]
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