Le Portique

...

[la Riviere - Maison du Guérisseur]

Avançant d'un pas ferme sous le portique, Iry-Hor évitait de trop jeter les yeux sur les lieux qui lui rappelaient sa servitude.
Il lui était tres pénible de revenir dans la villa du crétois, mais il n'avait pas vraiment le choix.

Il intercepta un esclave qui lui indiqua qu'Anthea se trouvait avec un citoyen dans la salle de séjour.
L'esclave n'avait pas l'air particulièrement affolé et cela rassura l'egyptien qui craignait de trouver la jeune femme baignant dans une mare de sang.

Un regard en arrière, Nicias n'était pas en vue. Il devait certainement s'occuper de son cheval qui lui paraissait sûrement plus précieux qu'une esclave.

[Pièce de Séjour]

[Le temple]

Lysias arrivait directement du temple.
En tant qu'homme d'action (parfois, et après mure réflexion, certes, mais action tout de même...) il lui arrivait de faire directement les choses auxquelles il pensait.

Il arriva donc à la maison de Nicias et s'arrêta sur le portique. En temps que bon presque grec, il savait ne pas entrer chez quelqu'un tant qu'il n'y était pas invité.

"Hola ! Nicias ? Il y a quelqu'un ?"

Lysias remercia interieurement sa mère de l'avoir construit avec une cage thoracique qui lui permettait d'avoir une voix qui portait quand il le souhaitait...

[Pièce de Séjour]

La voix de Lysias aurait pu porter loin ou non, Anthéa se présenta au portique quelques secondes à peine après l'arrivée du Notable. Sa tunique cachait à peine l'entaille fraîche mais propre qu'elle portait au cou.

Elle savait déjà l'identité de l'homme, lui ayant donné dans la journée l'invitation pour le banquet. L'heure n'étant pas encore aux festivités du soir, Anthéa le regarda et lui demanda simplement.

"Que veux-tu à mon maître, citoyen ?"

Lysias cligna légèrement des yeux, signe d'extrême surprise. Nicias avait vraiment fait une affaire en achetant Anthéa, elle semblait toujours au bon endroit au bon moment...

Il se mit, avec sa désagréable habitude de ne pas regarder directement les gens auxquels il s'adressait, à regarder un peu derrière elle avant de répondre.

"D'affaires. Enfin, peut-être."

Selon Lysias les esclaves n'avaient pas à être mêlés de trop aux affaires des gens. Mais enfin, c'était Anthéa... Et puis, une inspiration subite le poussa à ajouter :

"A propos de l'esclave que tu as acheté ce matin pour lui, tu sais ?"

[Piéce de séjour]

Ce sont les eclats de voix qui permirent à Nicias de retrouver Anthea. Elle se trouvait au portique, où elle semblait accueillir un homme...

*Décidement, nous n'avons jamais la paix sur la terre ferme, moi qui trouvais la mer agitée, la terre ferme ne vaux pas mieux* ne put-il s'empêcher de penser.

Plutôt que de rejoindre Anthéa, il préféra marquer une pause, il rajusta sa tunique, et soigna sa barbichette. Surtout il dû s'obliger à reprendre son calme, et faire abstraction de toute trace d'irritation et de colére, il ne pouvait pas se permettre un nouvel éclat.

C'est le visage impassible, et la demarche raide qu'il parut devant le nouveau venu. Il n'eut pas un regard pour Anthea, elle était une esclave, et devant un citoyen il se devait de l'ignorer. Il avait reconnu en avancant vers lui Lysias, un homme qu'il avait connu durant la Grande nuit du Malheur.

Une fois en face de lui, il le salua:

"Paix à toi Citoyen, que la fortune soit sur ta Maison !"

Avant d'ajouter:

"Quel bon vent te porte vers ma Maison ?"

Le notable, après la brève expression de surprise qui s'était peinte sur son visage à son arrivée, lui répondit vaguement les raisons de sa présence chez Nicias.

Etant également l'intendante de cette maison, elle allait lui demander des précisions mais elle n'en eut pas besoin car l'homme s'expliqua de lui-même.

"Atréides ? Oui mais..."

Elle allait lui demander ce que l'athénien venait faire dans une question "d'affaires" quand Nicias arriva à son tour.

Etant à mille lieux de savoir que son maître était furieux, Anthéa qui était de nouveau sereine à l'idée que le banquet aurait lieu, sourit et se retira sans un mot pour laisser les deux hommes parler à leur guise.

[Les communs]

Lysias avait cessé de faire attention à Anthéa à partir du moment où Nicias était arrivé.
Il avait répondu avec les conventions d'usages avant d'entrer dans le vif du sujet. Il savait que Nicias était un homme qui n'aimait pas les fioritures inutiles. Lui-même ne les aimait que lorsqu'il était nécessaire de noyer le poisson.

"C'est un vent incertain qui m'amène chez toi, Nicias, parce que cela dépend de toi !"

La tête penchée sur le côté, les yeux plissés en deux fentes, Lysias luttait avec le soleil. Il n'aimait pas tellement le contre jour, parce qu'il ne pouvait plus voir le visage de son interlocuteur. Et c'est toujours une bonne chose que de voir le visage de son interlocuteur.
L'avantage était que pour une fois, il pouvait avoir les yeux presque fermés sans qu'on lui demande pourquoi il agissait ainsi.

"Tu sais peut-être déjà que peu d'esclaves ont été présentés au marché ce matin ?"

Question rhétorique qui donnait son information en même temps que la question. Lysias enchaîna.

"Mon souci est que je vais avoir besoin d'un esclave homme, et pas une petite fille qui sait à peine laver le linge. Bref.
Je suis venu vers toi pour savoir si tu n'aurais pas un esclave dont tu voudrais te débarrasser, un dont tu ne saurais pas quoi faire et que tu voudrais bien me vendre."

Il faillit rajouter "à moitié prix", mais se retint. Ce n'était pas le moment de parler argent. Plus tard peut-être.
Il avait également omis de raconter l'histoire du rêve, du temple, de la prophétie et de sa femme, parce qu'il la trouvait ridicule et inutile. Et puis, les moissons approchaient. Il était normal que Lysias qui, de notoriété publique avait perdu tous ses esclaves lors de la Grande Nuit du Malheur, ait besoin de bras forts.

Nicias restait perplexe devant la proposition de Lysias, certes celle ci avait le mérite de lui ôter une bien douloureuse épine du pied, mais cette épine était si douloureuse qu'il hésitait à s'en défaire auprès du premier venu...

L'épine avait plus de la bête féroce que de l'esclave docile, le remettre en liberté, s'était s'exposer à qu'il s'échappe, et qu'il décide peut être de mettre à execution ses menaces. Il n'avait aucune crainte pour lui même, il avait l'habitude de se défendre, et un couteau dans la nuit ne lui faisait plus peur depuis longtemps, mais pas Anthéa, et il ne voulait pas une nouvelle fois à avoir à choisir entre son honneur, et sa jeune esclave.

Caressant son menton, en regardant Lysias, Nicias prit le temps de la réflexion, et de la réponse:

" J'ai bien un esclave qui pourrait te satisfaire. Mais ma conscience m'interdit de le vendre. Pour elle ce n'est pas un esclave, mais une bête féroce..."

Lysias eut subitement un flash visuel représentant Atréides au marché en train d'essayer de résister au marchant.
Il déglutit légèrement. Est-ce que cela valait vraiment la peine d'insister ?

Il tritura les bords de sa toge comme pour remettre en place des plis pourtant impeccables.

"Tu es honnête Nicias..."

Lysias essayait de peser le pour et le contre le plus rapidement possible. Il se frotta légèrement le menton avant de reprendre.

"Est-ce que cela conviendrait à ta conscience de me le vendre en tant que bête féroce ? Je pense que j'ai peu de chance d'arriver à le dompter si tu ne l'as pas fait... Mais dans ce cas, je le laisserai travailler sous les coups de la brute qui me sert de gardien et de contre-maître. Il risque de ne pas travailler très bien, peut-être de mourir rapidement, mais je suis prévenu, et cela soulagera tout le monde."

Lysias avait toujours un petit air soucieux. Ce n'était pas vraiment le plan idéal. Il avait besoin d'un esclave en état de marche. Mais...

"Si ta conscience est d'accord, je suis prêt à prendre le risque."

Nicias se souciait assez peu du devenir de l'esclave, il lui importait seulement que de savoir si ou non ce Lysias était capable de l'empêcher de s'échapper. Il doutait du fait qu'un traitement aussi rude que possible suffise.

Quand il était capitaine, il ne perdait jamais de temps en punition exemplaire, il se contentait de faire brancher le mutin à la grand voile. Ainsi on éliminait une source de périls, et on calmait les consciences.

Mais il n'était plus sur les mers, et il ne pouvait pas se laisser aller à de tels excès. Il devait accepter la proposition de Lysias, il n'avait pas d'autres solutions.

Un sourire de dépit lui fendit le visage, et il fit peu convaincu:

" Soit, mais avant toutes choses, je te propose d'aller examiner la marchandise, on ne conclu aucune bonne transaction sans cela..."

Il lui fit signe de le suivre, avant de se diriger vers le cachot...

[HJ - je crois qu'Anthéa est déjà partie de toutes les façons ]

Lysias avait approuvé du chef. Il voulait vérifier que ce soit bien l'esclave auquel il pensait. Il fallait vraiment quelqu'un de solide...

Au pire, il trouverait toujours un moyen légal de se débarasser physiquement d'un esclave devenu trop encombrant. Dès qu'il aurait retrouvé sa femme, Baal l'aiderait au besoin...

Il suivit donc sans un mot de plus Nicias

[Les cachots]

[Je te laisse poster en premier ^^]