La Boutique

Lysea ne comprit pas trop les paroles de la jeune femme rousse. Elle était esclave mais prenait des décisions seules... Lysea, pour qui prendre des initiatives minimes était déjà difficile, ce comportement lui semblait surréaliste.

Elle cligna des yeux plusieurs fois à l'invitation de la femme. Lysandre était invité au banquet. Est-ce qu'elle devrait rester seule avec Aeneas à la rôtsserie ?

C'est à ce moment là qu'Aeneas passa près d'elle pour lui demander de l'aider. Lysea ne se fit pas prier et le suivit jusque dans l'arrière boutique.

[Arrière boutique]

Anthéa regarda les deux esclaves de Lysandre partir à l'arrière de la boutique, probablement pour commencer à préparer les commandes.

Puis reportant, son regard sur le rôtisseur, elle le vit surpris d'être invité au banquet, ce qui la fit légèrement sourire. Son sourire s'élargit à la réponse positive de l'homme.

"Je suis ravie que tu acceptes. "dit-elle en inclinant la tête.

Elle sortit plusieurs pièces de monnaie qu'elle posa sur le comptoir. "S'il n'y a pas assez, je te donnerai le reste ce soir, merci encore."

Anthéa se tourna vers Atréides.

"Viens, nous rentrons chez Nicias. Tu pourras te laver et manger. Tu dois avoir faim."

Se retournant à nouveau vers Lysandre, elle lui sourit franchement puis le salua.

"A ce soir..." dit-elle avant de sortir de la boutique.

[Villa de Nicias]

« Déjà ? » marmonna Atreides entre ses dents lorsqu'Anthéa lui apprit que l'entretien avec le rôtisseur était terminé.

Il ne répondit rien à ses assertions quant à sa faim. Il devait avouer que la maigre pitance que lui avait servi le marchands d'esclaves avait toujours été seulement suffisante pour lui permettre de se tenir debout. Plutôt que de souffrir de ce régime, il l'avait considéré comme un moyen de s'endurcir. La perspective de pouvoir manger plus que quelques bouchées le soulageait, mais ça, il ne l'aurait jamais avoué à Anthéa.

Sans plus attendre, Atreides suivit l'esclave rousse, quittant la rôtisserie sans saluer son propriétaire. Après tout, il n'était qu'un rôtisseur. Il ne méritait pas qu'on lui accorde tant d'attention.

Lysandre resta quelques instants silencieux, après le départ de ses clients. La journée serait chargée, et il ne faudrait pas trop tarder à se rendre à la villa de Nicias, afin d'installer le matériel nécessaire. Il allait visiblement falloir remettre les projets d'enquête à plus tard.

*Après tout, peut-être est-ce un signe des dieux... Je ne devrais pas tant me hâter.*

Il eut un petit sourire avant de fermer sa boutique pour la journée. S'il voulait que le banquet soit à la hauteur - et il le serait - il allait devoir donner le meilleur de lui-même. Lysea se contenterait de préparer les aliments, cela limiterait le risque d'une catastrophe.

*Evidemment, ce n'est pas Anthea, elle.*

Le jeune homme fit taire cette voix perfide d'un mouvement de tête. C'est à cet instant qu'il s'aperçut que, tout à ses pensées, il avait totalement oublié de ramasser l'argent que lui avait donné Anthea. En faisant glisser les pièces dans la paume de ses mains, il eut une surprise. Il y avait là près de trois fois le compte... Où l'esclave s'était trompée, ou Nicias, du haut de sa richesse, ne connaissait pas le pouvoir de l'argent.
Lysandre réfléchit rapidement. D'un point de vue moral, garder l'argent ne l'aurait pas dérangé... Mais il y allait de sa réputation. Et si Nicias se rendait compte de son erreur ? Le banquet risquait d'être une situation suffisamment difficile à gérer... Les sourcils froncés, le rôtisseur gagna l'arrière boutique.

[L'arrière boutique]